Kurir, Upptäcktsresande, Smugglare, Legosoldat
Fichu métier... Me retrouver à poireauter dans la zone de la Fédé... et dans une station de ploucs en plus, à attendre que ces honorables citoyens de Heike daignent me fourguer une malheureuse tonne de leur prétentieux "thé cérémoniel"... Comment se peut-il que toute la galaxie s'arrache cette herbe qui sent le foin?
Tout ça parce que j'ai eu la mauvaise idée de m'inscrire dans ce fichu community goal... Heike - Jang Di, pas loin de 200 années-lumières, vous parlez d'une promenade de santé, à travers des systèmes qui ont décidé de me taxer d'hostile, et ça, je sais vraiment pas pourquoi. J'essaie d'éviter les interceptions tout en scoopant les étoiles, il fait une chaleur épouvantable en cabine, et l'odeur de l'hydrogène me flanque la gerbe. Le problème du community, c'est qu'une fois qu'on y est, il faut le boire jusqu'à la lie vaseuse.
Ah, la vie sur la Frontière, tu parles! Putain de chienne de vie! Encore une journée à farmer du foin, et tout ça pour quoi? hein, je vous le demande? Me retrouver dans le dernier tier et n'avoir que mes yeux pour pleurer, et les récompenses globales?
Putain de chienne de vie! Encore une journée entière!
Eravate... Ben les dieux RNG ne m'avaient pas raté. Le coin le plus pourri, dans le canton le plus reculé de l'univers... Un endroit où il ne se passe jamais rien... des avant-postes miniers, quelques stations plus grosses où tous les péquenots du secteur viennent faire leurs emplettes... enrichissement des sols et moissonneuses batteuses, ça fait rêver.
Et nous étions un paquet que les dieux de l'aléatoire avaient envoyé dans ce trou du cul du monde. Ah, il était glorieux, mon retour sur Elite! Moi qui, autrefois, m'étais taillé un nom dans l'Empire, moi dont on connaissait le nom jusque sur les chantiers navals de Facece!
Facece... Tellement loin que je n'osais calculer la distance sur la carte.
Eh merde.
Alors oui, j'ai farmé de la moiss batt. En Sidewinder, en hauleur... à en crever. La route était tranquille. Il y avait du monde, certes, grâce à ces pourritures de dieux RNG, on était un paquet à faire la queue pour rentrer à Cleve Hub.
... Eravate, ses hôtels de luxe, sa flore luxuriante... et ses cultures hydroponiques. Un marché noir, quand même, pour arrondir les fins de mois, mais pas de quoi pavoiser.
Patience. Allez, encore quelques tonnes de plus. Mon hauleur s'est changé en Cobra. Ca commençait à devenir plus drôle. Un peu de nav beacon entre deux chargements de tracteurs...
Quand je suis passé au T6, je me suis dit qu'il était plus que temps de se tailler. Désormais, mes routes, je pouvais les calculer à l'ordinateur -- j'avais commencé comme il y a 25 ans, calepin crayon, quel bleusaille, hein, le vieux? Et puis eddb, thrudd... Allez, on va voir du pays.
En février, je farmais du palladium du côté de Brani et Ualungur. Du côté de Cupis, aussi... Les esclaves impériaux, au black ou pas, c'est que du bon. Alors le quartier, c'est vrai, il n'était pas beaucoup plus reluisant, mais plus rentable, avec mes 106 tonnes de fret. Virtanen Hub, c'était le paradis du palladium... Direction Neto ou Ngolibardu... Quelques missions pour la Fédé... Non, décidément, la Fédé, sa présidente et sa vice-présidente, très peu pour moi. J'ai mon honneur, je suis de l'Empire! Fidèle depuis toujours aux Duval, pilote de Clipper, je n'allais quand même pas finir lieutenant dans un Fédéral Dropship, hein les jeunes?
Il fallait que je me casse. Ouais, j'ai la bougeotte. J'ai jamais pu tenir en place. J'ai essayé le commerce des rares... Le tour de la galaxie! Enfin, de la zone colonisée, au moins, c'est déjà pas mal. Altaïr, Vega, Xihe... ne pas se faire chopper avec des drogues louches... On voit du pays. Je passe furtivement dans les terres de l'Empire... Nostalgie... Ah, mon clipper! Je veux, je veux repiloter le clipper, comme autrefois! Les éclairs bleus que jetaient mes réacteurs... c'était en 3285, et c'est comme si cétait hier...
C'était par un soir de la fin de février. Je prenais un verre au bar de Cupis. Le barman, un cyborg, avait un faux air de Jaques. "On est passé sur le même billard", qu'il me dit, le garçon, d'un air las. Son zinc était désert.
C'en était trop. Je pose mes crédits sur le comptoir, et je me taille. Pour toujours. Je ne remets plus les pieds dans la Fédé, que je me dis, je reprends du service, et je décroche mon Clipper.
Je grimpe dans mon T6... Et plein gaz vers le sud. Right on Commander. Quand je m'arrête de sauter, je suis à deux pas des systèmes du core impérial. Je m'installe d'abord à Kaiakul.
Et puis, Je bosse comme un taré. Je prends toutes les missions navales sans réfléchir... 10 mn pour trouver des armes incapacitantes, mais bien sûr, à vos ordres, amiral: je fais tout ce que la marine me demande -- et malheureusement elle ne me demande pas grand'chose... Pour passer le temps entre deux expéditions militaires, je farme du palladium et des esclaves entre Laedla et HR 1064 ...
J'arme un Viper pour être prêt quand l'Empire va me confier des tâches plus... délicates que le transport. Un peu de nav beacon pour monter en compétence et rafraîchir mes souvenirs de cannoniers... Le laser beam dépotte toujours autant... Quant au gimballed, ben mes cochons, dire que j'ai connu le temps où on en rêvait même pas! Harmless, mostly harmless... Pas grave, patience et longueur de temps, hein, comme dit le poète... et j'ai tout mon temps.
Je prends des missions à Soch, en zone fédérale, mais pour le compte de mes petits copains de l'Empire... Oui, mon vieux Clipper... J'accroche le poster sur ma couchette...
Je traîne à Maris, où je chasse un peu le pirate. La marine impériale m'a oublié. Putain! Moi, moi, ils m'ont oublié! Je crève de rage... Mais je continue. Un pot de café chaud, et on remet le FSD en marche. Ce putain de T6, je le déteste. Il est pas si mal, pourtant.
Le 21 mars, belle journée! 2 missions navale à McKean, sur HR 1064... Mais pas de promo. Etranger dans l'Empire, quelle honte.
Je déconne, je fais du commerce d'esclaves, je me fais chopper bien sûr. Chienne de vie.
Je farme dur pour rétablir ma réputation, et pof! pof! des missions impériales à la chaîne! vilain, squire, chevalier! Le permis pour Achenar, enfin!
Je décide de prendre un peu le large... une tournée de rares pour fêter tout ça. Je m'attarde à Baltha Sine, à la croisée des mondes. Système rudement intéressant.
Je continue les missions civiles pour l'Empire... Plus rien ne se passe pendant des semaines... Je reprends la mort dans l'âme mes routes commerciales... Angurongo, Tetela...
Puis soudain, tout s'accélère: en avril promotions gigantesques sur le clipper à Nu! Je ne peux pas rater ça. Missions, missions, missions nuit et jour... Enfin! les impériaux se souviennent de moi! Baronnet, puis baron!
Le 19 avril... l'un des plus beaux jours de ma vie: je fonce à Nu, j'achète mon clipper, je l'équipe pour le commerce, et je farme pour augmenter mon pécule.
Angurongo est devenu mon port d'attache. De jolies routes commerciales depuis ce système high-tech clientéliste, très peuplé. Je renforce mon clipper pour qu'il puisse se défendre, je m'offre le luxe d'un ordinateur d'appontage, qui marche au poil comme au bon vieux temps, je fitte un Vulture pour augmenter mon classement de combat, je fais de la zone de conflit, toujours au service de mes maîtres... Allié avec l'Empire et pas mal de factions...
Je suis repassé "amical" après une longue, et assez peu lucrative, expédition d'exploration en ASP, j'ai repris mes petites activités commerciales et belliqueuses depuis mon retour. Aujourd'hui, J'ai 47 millions sur mon compte, une flotte de douze vaisseaux dont quelques beaux appareils... Bientôt le Python... Et un jour, peut-être, je me retrouverai aux commandes d'un Panther clipper, avec douze hommes d'équipage sous mes ordres...
Allez, assez rêvé. J'ai des primes à chasser, du palladium à trimballer... dans la confortable cabine de mon Clipper, au doux bruit de ses thrusters... Allez, on enchaîne...
"train d'atterrissage", "c'est fait commandant"
"booster" - "turbo enclenché"
"Hyper espace" - "Frame shift drive enclenched..."
...
Près de 30 ans que je roule ma bosse... J'ai tout vu, tout fait dans cette fichue galaxie. J'ai traîné dans tous les starports, j'ai rempli mes soutes de trucs incroyables... J'ai transformé des esclaves en engrais quand j'oubliais de pressuriser mes cales... J'ai volé avec des équipages interlopes, que je ne pouvais payer cher, et que je devais surveiller du coin de l'oeil... Je me suis échoué entre les systèmes, du temps où les FSD n'étaient pas aussi fiables que maintenant et nous plantaient dans le vide... J'ai fait briller les réacteurs de mon clipper dans des atmosphères roses, vertes, violettes... J'ai vu quelque fois ce que l'homme a cru voir... L'écrasante beauté d'Epsilon Eridani... Les six soeurs de Wolf 630... plus d'une fois Je me suis cru mort, et toujours je suis reparti...
Je me souviens des moteurs militaires de classe 4, légers et rudement efficaces, et du carburant hors de prix pour les alimenter.
Je me souviens de mon Panther Clipper... 2000 tonnes de soute, et des boucliers si solides que les pirates venaient s'y écraser...
C'était bien loin tout ça. Fichu métier. Je me croyais pour toujours rangé des vaisseaux... mais voilà, c'est long la vie. Surtout quand on remplace les organes défectueux par des bouts de ferraille au fur et à mesure qu'ils se déglinguent. Un cyborg, oui, c'est ce que je suis devenu. Et toutes ces pièces détachées, crénom, ça coût un bras à entretenir. Un bras. C'est le cas de le dire.
Bref, j'ai dû repartir à zéro. Je vais pas vous raconter ma vie... ma belle vie, sur Mars... Les réparations, les jeux, les filles... le fric s'évapore vite... J'ai repris du service il y a 6 mois. Même pas de quoi me repayer mon MK III... En Sidewinder, que je suis reparti. Plus de crédits, pas de soute.... Moi, qui fus Elite jadis... sous un autre nom il est vrai... oui, j'ai dû changer d'identité, poursuivi par toutes les polices à l'époque... C'était plus sûr. Tant pis pour le reboot from the scratch.
En décembre 3300, je reprends les commandes... et c'est comme si je n'avais jamais piloté... les pads, les réacteurs latéraux... la techno a changé en 30 ans... je me suis ramassé dans les stations... Je n'y comprenais plus rien, fichue vie de m... ! J'ai failli tout lâcher. Les copains partis depuis longtemps se la couler douce à Achenar dans des résidences pour Troisième et Quatrième Age... Non, je n'avais plus le moral.
Et petit à petit, tout est revenu. J'ai tout retrouvé. Les sensations. Le bruit des réacteurs au décollage, l'impression d'être collé à son siège lors des boosts, la boîte à lettres qui sert d'entrée aux Coriolis... Le radar, aussi. Toujours le même. Et les modules... et les armes aussi... Un choix délicieux...
... Et c'est reparti...